« Cette sensation ouateuse, ce flottement incertain… »




« C’est qu’elle a grandi notre petite Lou », m’a déclaré mon frère un jour… Parce que oui, depuis le premier tome où elle n’a encore que douze ans, toute petite, mignonne et préoccupée uniquement par Tristan, Mina et ses créations, il s’en est passé du temps ! Des vacances à Mortebouse finalement pas si ennuyantes que ça ? Une crise d’adolescence dans le cimetière des autobus ? Des vacances étonnantes, entre piscine, copines et le retour de Tristan ? Un incendie, une naissance, une rupture, une nouvelle maison, un livre et une adaptation… Elle a grandi, elle a changé, elle a murie. Elle est Lou, mais une nouvelle Lou, qui est bien passé par différentes aventures de la vie, pour arriver à cette jeune femme bientôt adulte, qui est alors… dans un flottement.

Les gens n’aiment généralement pas les choses qui comprennent. Esprit un peu trop terre à terre, avec ce besoin de vouloir toujours tout comprendre toute suite. Mais le rêve, ce n’est pas forcément comprendre. Le rêve c’est l’évasion, un vol, un nuage… Et dans ce tome 6, on ne comprend pas tout. Sur un fond qui devient peu à peu de la science-fiction, avec des bidouillages de décors dignes de Sidéra, et des problèmes temporels dignes d’un livre aux mots renversés dans tous les sens, ce tome ne finit pas de nous surprendre de planche en planche.

Alors oui, il y a un ou deux moments où ça en devient réellement étrange et perturbant, mais j’ai adoré ce tome, il m’a énormément plu et c’est l’un de mes préférés… 

Et puis, on se dirige vers une fin qui va nous étonner peut être ? Le tome 7 promet d’être intéressant, et le 8, le final, nous surprendra-t-il ? J’aime me poser des questions, le suspens, les rebondissements, l’attente de la suite… Quels indices se cachent dans ce tome ? D’abord, réunissez les pièces de puzzle du journal de Lou (ou allez voir ici), et bah on en apprend déjà plus sur ce qui va se passer dans le prochain tome… Hum hum j’ai hâte !


Tout change, tout reste pareil… Un beau jour, de grands cristaux roses transpercent anarchiquement le cœur de la ville. Depuis, Lou partage son temps entre un programme de collecte de données scientifiques pour le gouvernement, la garde d’un petit frère obnubilé par les dinosaures et les sorties en boîte de nuit. Elle se dit quand même que c’est un peu n’importe quoi, mais pas désagréable. Cette sensation ouateuse, ce flottement incertain… Est-ce que c’est ça, devenir adulte ?

J’aimerais commenter ce synopsis. Il m’a tout de suite plu, il est doux, il est étrange, il est plein de promesses et de poésie, et c’est ce qui m’a aussi énormément plu dans cette nouvelle BD : on vient vers des sentiments qui nous emportent… « Cette sensation ouateuse, ce flottement incertain… »

Parce que Lou, elle est devenue grande, adolescente, adulte… Elle a changé, et on ne s’en est pas rendu compte. C’est vrai en plus, tout d’un coup on se prend une claque en pleine face, le tome 6, et on te dit : regarde, Lou, c’est plus la petite gamine qui mettait des fleurs à son pantalon… Alors oui elle a grandi, et oui elle devient adulte. Et ces cristaux, qui apparaissent, ces temps qui dysfonctionnent, n’est-ce pas seulement la symbolisation de son changement, le passage de l’adolescente, à l’adulte ?

C’est un flottement qui nous transporte, réellement. Lou est perdu, dans ce passage à nouveau étrange, alors n’est-ce pas normal qu’on le soit aussi ? Ce sont alors des moments étranges, bercés de poésie, de tendresse, de douceur et je me suis pris au jeu des émotions, et des couleurs…

Le style de Julien Neel a également changé. Différent, plus simple, plus lui ? Malgré quelques cases qui m’ont moins plu, le style est beau, en accord avec l’histoire de cet album, et surtout, les couleurs absolument sublimes et agréables. Douces et tendres également.

Les personnages nous étonne, nous replongent dans l’histoire, nous rappelle cette enfance, et cette adolescence que nous lisions il y a deux ans encore, à la parution du tome 5. Et là on retrouve les mêmes, changés, différents… ou pas. Un Jean-Jean et une Mina toujours aussi mignons, dans une relation qui n’en finit pas de casser et de se recoller ; un Tristan de nouveau loin de Lou, mais un peu plus mûr quand même ; une mère qui a changé et en même temps pas tant, mais on se dit qu’elle est renversée à l’intérieur ; un nouveau bébé absolument adorable qu’on a envie de serrer dans nos bras à chaque page ; une Marie-Émilie qu’on ne reconnait pas, et sa mère encore moins… Tout un florilège de personnages qui nous ont manqué, me manquent maintenant ; et avec ça les nouveaux…

Et Lou. Elle est de nouveau dans une avenue. Dans un passage, un entre-deux. Une passerelle. Et au milieu de ce qu’elle vit, de ce qu’elle était, de ce qu’elle est, et de ce qu’elle sera ou non, on se perd avec elle, tout se mélange, on flotte… magnifiquement bien, tel des plumes.

Alors malgré tous les avis négatifs, moi je prône le positif ! Ce tome est différent, mais il nous transporte. Un peu de science-fiction, et d’incompréhension ? Et alors, pas tant que ça… Et je penche pour cette solution : si Julien Neel voulait nous perdre, alors il a réussi et c’est tant mieux. On plonge, on coule, on remonte, on flotte… Ca grouille de vie, ce nouveau tome. Je tire ma révérence.


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